Les organisations économiques de producteurs bio

Depuis le début des années 2000 le réseau des groupements de producteurs de la FNAB s’est structuré pour permettre aux agriculteurs de se positionner sur ce nouveau débouché et d’impliquer dans leur démarche de nouveaux acteurs (élèves, parents d’élèves, cuisiniers, gestionnaires, collectivités locales…).

Cette structuration a été réalisée en fonction des conditions, des besoins et des compétences locales, et permet :

  • —  de nouer des partenariats avec les collectivités publiques au travers de programmes d’introduction concertés ;
  • —  de créer des partenariats avec des distributeurs et des grossistes locaux ou nationaux ;
  • —  de sensibiliser les producteurs aux contraintes de ce nouveau débouché ;
  • —  de faire découvrir l’agriculture biologique aux convives ;
  • —  de former des personnels de cuisine et de gestion à de nouvelles habitudes de travail ;
  • —  de créer des outils juridiques et économiques capables de rassembler tous les acteurs de la filière jusqu’au consommateur final et d’ancrer durablement des produits bio dans les restaurants collectifs ;
  • —  d’appuyer les acheteurs publics dans la rédaction de leurs appels d’offres.

Le fait de s'organiser collectivement en mettant une offre en commun avec d'autres producteurs, voire des transformateurs, permet également de mutualiser des moyens et des tâches qui seront ensuite déléguées à des prestataires ou à une structure commune (plateforme de regroupement de l'offre).

Il est intéressant de grouper son offre à celle d'autres producteurs pour constituer une gamme plus attrayante et plus cohérente pour le client final. Par ailleurs, le fait de mettre en place un interlocuteur unique constitue un gain de temps considérable, pour l'acheteur comme pour les producteurs, et permet d'augmenter la visibilité de l'offre.

 

Ce regroupement de l'offre permet de regrouper les services au sein d'une entité :

  • —   la facturation : les produits sont achetés et revendus par la structure collective (plateforme de regroupement ou plateforme virtuelle) qui émettra une facture unique pour l'acheteur;
  • —   la livraison : lorsque des seuils sont atteints il est intéressant de faire livrer ses produits conjointement à d'autres, cela permet d'optimiser les flux logistiques, ce qui signifie un gain de temps et d'énergie et donc de présenter des prix plus attractifs ;
  • —   répondre aux marchés publics : regrouper une offre au sein d'une structure collective permet de se porter plus facilement candidat sur des appels d'offres publics ;
  • —   effectuer un démarchage commercial : la relation et le suivi commercial sont effectués par une seule personne ou entité; l'offre et les services sont plus facilement identifiables (outils de communication, gestion des contacts, …).

Ce sont ces caractéristiques innovantes mais néanmoins très adaptées à la restauration collective bio qui, alors que la demande se développe fortement, permettront de développer des surfaces en agriculture biologique et de structurer des filières locales en lien avec tous les acteurs du territoire.

Toutefois, cette organisation est très variable en fonction des réalités des filières bio, du nombre de producteurs, de l’échelle géographique et de la demande des établissements.

Les différentes modalités de l'organisation collective

Les outils économiques de distribution de produits bio locaux couvrent aujourd'hui la quasi intégralité du territoire français et quelques régions ont construit des plateformes d’approvisionnement uniquement dédiées à la restauration collective, ou pour différents circuits de commercialisation ; sur quelques familles de produits ou sur une gamme complète.

Plusieurs modalités d’organisation existent et peuvent se combiner :

  • —  la mise en relation producteurs-sites : les producteurs et acteurs du bio qui sont en capacité de livrer la restauration collective sont référencés dans un annuaire régional/départemental, avec possibilité de les localiser sur une carte, ce qui permet aux établissements de s'approvisionner au plus près;
  • —  la plateforme virtuelle : il s'agit de constituer un catalogue à partir des produits disponibles en régions; un salarié (ou éventuellement un prestataire) se charge de répercuter les demandes des sites sur les différents producteurs qui livrent en direct; une facture commune est ensuite émise;
  • —  la plateforme physique : à partir de la constitution d'un catalogue, les produits sont regroupés sur un lieu physique et acheminés en une seule fois sur les sites.

 

 

Avantages

Inconvénients

Mise en relation producteurs-restaurants

. Forme souple

. Implications financières et humaines limitées

. Peu de visibilité pour le client sur la réelle disponibilité des produits

. Plusieurs interlocuteurs = plusieurs livraisons et plusieurs factures

Plateforme virtuelle

. Un seul interlocuteur

. Facturation unique

. Offre davantage visible par le client

. Implication assez forte de la part des producteurs

. Logistique peut s'avérer coûteuse

Plateforme physique

. Un seul interlocuteur

. Facturation et livraison uniques

. Offre et disponibilité visibles par le client

. Investissements financiers plus conséquents

 

Ces différentes formes peuvent également se combiner : ainsi il est tout à fait possible de mettre en place un système de regroupement des produits chez un producteur qui assurera la livraison ou la fera faire par un transporteur. Il est également possible de faire livrer certaines marchandises par un transporteur et que les producteurs les plus proches du site livrent en direct; etc ...

La plupart des plateformes de distribution des produits bio et locaux ont noué des partenariats avec des distributeurs afin de compléter leur gamme de produits et de répondre ainsi à une demande globale des sites tout en amenant une prestation logistique et commerciale durables et performantes.

Un des partenaires principaux des plates formes est Biocoop Restauration qui a conclu à ce jour 22 conventions de partenariat avec des GAB ou des plates formes de distribution.

En fonction des régions concernées, la part d'approvisionnement local est évaluée entre 40 et 95 %. Les conventions de partenariat stipulent une transparence dans les achats et une priorité à l'approvisionnement local. Ainsi, les volumes fournis par les distributeurs partenaires sont amenés à moyen terme à être remplacés en grande partie par de l'approvisionnement local.

Avec le partenariat de Biocoop Restauration qui fournit le complément de gamme, le CA total réalisé par les plateformes et leurs partenaires se monte en 2009 à environ 6 millions € (dont 1,5 M € réalisé par Biocoop Restauration).

Plusieurs formes d’organisations économiques de producteurs bio spécifiquement dédiées à la restauration collective existent : Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif (SCIC), Associations loi 1901, Groupements d’Intérêts Economiques (GIE).

Les plateformes d'approvisionnement local sont assez hétéroclites: les plus anciennes ont été créées au début des années 2000 (Manger Bio 35 en 2002) alors que d'autres ont débuté leur activité à l'automne 2009 (Bio A Pro et Manger Bio 44); la plupart (80 %) ont été créées entre 2003 et 2005; certaines ont des zones de chalandises plus localisées que d'autres : on va de l'échelle du département à la région, certaines pouvant desservir des départements limitrophes;—  les chiffres d'affaires varient donc en fonction de la zone de chalandise, la disponibilité de la production locale et le recours à un complément de gamme extérieur.